La bévue de l’apprenti data journaliste du journal Le Monde que nous rapportions il y a quelques jours nous démontre que la rigueur est indispensable au maniement des statistiques. Mais elle nous rappelle également que les faits et leur exactitude ne peuvent parfois pas grand-chose contre la force de nos représentations de la réalité.
Car au fond, que nous dit la légende selon laquelle il pleut davantage sur François Hollande que sur ses prédécesseurs ? Que ce président est « normal » (il n’ordonne pas aux cieux). Qu’il nous ressemble (il a la guigne comme Monsieur tout le monde). Qu’il n’a pas la prestance d’un chef d’Etat (se souvient-on d’un François Mitterrand dégoulinant ?). Bref ce n’est pas parce qu’il est mouillé par la pluie qu’il est « normal ». C’est parce qu’il nous a fait croire qu’il était « normal » que nous le voyons mouillé plus souvent que d’autres. Le fait qu’il doive endurer la pluie est nécessaire à la représentation que nous nous faisons du personnage et nous ne voyons ou ne retenons que ce qui conforte notre opinion.
Travailler l’image et faire du marketing, c’est souvent naviguer – si possible avec lucidité – entre deux écueils aussi dangereux l’un que l’autre : refuser d’accepter un fait que les chiffres rendent têtu ; refuser d’admettre que certaines perceptions fausses prennent parfois le pas sur les démonstrations mathématiques les plus parfaites.
alain.sabathier@lavoixduclient.fr
En deux questions ...
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